Jusqu'en 1970, l'église était entourée du cimetière.
En 1970, au moment où on a démoli le château et entrepris le lotissement, on a déplacé le cimetière en dehors du village. Courtépée dans sa Description du Duché de bourgone parle d'une colonne surmontée d'un globe de cuivre. Cette colonne existe toujours et n'a pas changé de place ; mais son inscription est désormais illisible.
A l'intérieur du cimetière, avant 1970, on voyait une petite concession à part, entourée d'un mur. C'était la tombe de François Muteau mort en 1834. En 1805 il avait acheté le château et le domaine aux Fyot de Lamarche. Son fils Etienne-François Muteau devint un homme politique important de la Côte-d'Or.
L'abbé Gataut
Il habitait le presbytère avec sa mère et sa soeur. Au presytère attenaient quelques petis bâtiments et grand verger où Mme Gataut-mère récoltait des prunes qu'elle faisait sécher au four et qu'elle nous distribuait pendant le catéchisme car c'est elle qui faisait le cathéchisme.
Le curé de Neuilly était aussi curé de Sennecey et de Crimolois. Il portait, comme les prêtres de cette époque, la soutane et le chapeau plat à larges bords.
Il avait une forte personnalité. Il pêchait, il chassait, il prisait. Il sentait fort le tabac.
L'église avait un chantre et un marguillier.
Le chantre était le père Mathieu. Il avait sa place dans le choeur sur le côté. Il dirigeait les chants en latin. Il marchait avec une jambe de bois (un pilon), car il avait eu un accident lors de la construction du fort de Sennecey dans les années 1870-1880. Un wagonnet lui était tombé sur la jambe.
Le marguillier était le père Denis. Il entretenait l'église et sonnait les cloches, il coupait le pain béni et le distribuait pendant la messe.
L'église
Le choeur était séparé de la nef par une grille basse en fer forgé. Autour du choeur se répartissaient des stalles où des hommes se tenaient pendant la messe.
D'un côté, à gauche, était la chapelle du Comte, fermée par une grille et où on ne pouvait pas entrer. Le dimanche, le Comte et Rosalba y apparaissaient en grande tenue.
De l'autre côté était la chapelle de la Vierge dite encore chapelle des jeunes filles où les demoiselles s'installaient pendant la messe. C'est dans cette chapelle que se trouvait le confessionnal.
Des vitraux du XIXème siècle éclairaient le choeur. Ils furent endommagés en 1944 quand sauta le dépôt de munitions des Allemandes à la Base.
Dans la nef, à droite, quatre ou cinq marches menaient à la chaire appuyée contre un pilier.Si je me souviens bien, elle était blanche et son bord couvert d'un velous rouge.
Du plafond descendait un gros lustre à pandeloques que ne n'ai jamais vu clairer.
Il n'y avait pas de chauffage. Plus tard, c'est moi qui ai construit la cheminée de l'église sur le toit. Un gros poêle Godin placé au milieur de la nef brûlait du bois ou du charbon.
La Françoise
Elle s'occupait aussi des affaires de l'église. Elle avait quitté les ordres. Elle s'était mariée avec Nicolardot de Neuilly. Puis Nicolardot est mort. Elle entretenait l'église et sonnait les cloches en alternance avec le père Denis. Elle portait toujours un grand jupon serré de deux cordons cousus l'un à la taille, l'autre sous les fesses : je ne sais pas ce que cela voulait dire.
Elle habitait une maison attenante au château et qui a aujourd'hui, disparu. Au-dessus de sa porte d'entrée, dans une niche, une petite statue du Christ portait toujours un rameau de buis.
Le comte logeait peut-être gratuitement le père Mathieu et la Françoise en échange de ce qu'ils faisaient à l'église.
La Chapelle du Comte
Les châtelains possédaient la clef d'une porte qui mettait en communication le parc et la chapelle privée. Il est à remarquer, à ce sujet, que l'église était à la limite du parc et que la chapelle du Comte, à la différence du reste de l'église, était dans le parc.
Du côté du parc, l'accès de la chapelle du Comte était bordé de deux rangs de buis. La porte de la chapelle était surmontée d'une marquise en bois sculpté bleu avec une croix dorée.
Le pain béni
Chaque famille donnait tour à tour le dimanche unc couronne de pain. Je remplaçais parfois le père Denis pour couper et distribuer le pain béni. Pendant l'office, je parcourais l'assitance en tendant le pain dans une petite nappe.
La couronne n'était jamais totalement coupée. Il restait toujours un « chanteau » qu'on donnait à la famille qui apportait le pain le dimanche suivant.
Ainsi était formée une chaîne. La tradition s'est perdue dans les années 1950.
Le Comte prenait un morceau de pain comme les autres. Quand c'était son tour, il apportait non pas une couronne mais une brioche.
Les processions
Une procession avait lieu en été par temps chaud et ensoleillé. Ce devait être la procession de la Fête-Dieu.
En tête deux jeunes filles portaient une bannière, accompagnées chacune d'une jeune fille tenant le cordon. Derrière, deux autres jeunes filles portaient des oriflammes. Puis venait l'abbé Gataut. Il marchait sous un dais porté par quatre porteurs. Suivaient les enfants de choeur et la foule des fidèles. Dans le village était installé un reposoir, tantôt près de l'école, tantôt près de l'actuelle pharmacie, tantôt à l'angle de l'Allée de Marronniers et de la rue des Montots, parfois dans le parc du château... la procession s'arrêtait et repartait.
Une autre procession, dite les Rogations, faisait le tour des croix du village. Le prêtre ne marchait pas sous un dais. Il était en tête, précédé de deux enfants de choeur. Il bénissait les croix : la croix du choléra, une croix en bois sur le chemin de la gare...il bénissait les champs.
A la Saint Victor (le patron de Neuilly) on portait solennellement en procession chez un jeune homme de la paroisse la statue de Saint Victor. Il la conservait pendant un an. L'année suivant, on transportait la statue chez un autre jeune homme.
Le 15 août, la statue de la Vierge était, de la même manière, transportée chez une jeune fille.
Ces deux statues restent maintenant à l'église, en permanence.
Nom de baptême
C'est l'abbé Gataut qui m'a baptisé. C'est avec lui que j'ai fait ma Confirmation et ma Première Communion.
A propos de mon baptême, il faut noter que mon vrai prénom est Louis-Fernand. Ma mère avait choisi ce prénom pour faire plaisir à son frère Louis. Mais finalement, elle préférait Fernand et ce nom a prévalu.
L'église vue depuis le parc, 1970. A gauche, la chapelle du Comte.
Article extrait du livre " A Neuilly lès Dijon en 1900", de Fernand Caillot et Michel Manca
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