lundi 2 juin 2008

L'école de Neuilly

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L'école - Le 14 Juillet
L'école
J'ai fréquenté l'école jusqu'à l'âge de 12 ans, Mes maîtres s'appelèrent successivement : Picard, Pierre et Gourrie.
M. Picard
était poitrinaire. Quand il avait plu, il allait hors du village ramasser des limaces sur les chemins. Il les mangeait. C'était une médecine. Parfois, quand il était trop souffrant, sa fille Fernande, àgée de 16 ans ou son fils (20 ans) le remplaçait.
C'est Fernande qui nous gardait en retenue après quatre heures, le soir. L'élève retenu balayait la classe et rentrait le bois pour le lendemain.
Fernande était une jolie brunette. Nous nous serions fait punir pour rester avec elle.
Le sol de la classe était en parquet. Un poêle se dressait au milieu de la pièce. Autour de la salle, des porte-manteaux et des cartes de géographie étaient accrochés aux murs.
Les enfants portaient une blouse noire, une ceinture en cuir, des galoches à semelles de bois, un cartable en bandoulière et un béret. La classe comptait 10 à 15 élèves, garçons et filles, tous niveaux confondus, du cours préparatoire au certificat d'études.
Les heures de classe allaient de 8 h à 11 h et à 13 h à 16 h. A 8 heures et à 13 heures le maître tirait la chaîne de la cloche, dehors. Nous n'entrions pas avant qu'il eût sonné.
Chaque élève était de semaine tour à tour, c'est-àdire que chacun pendant une semaine balayait la classe, allumait le feu le matin. Le bois de chauffage était fourni par la commune tout comme les fournitures scolaires.
Une armoire de la classe contenait du matériel pédagogique : une balance, des pierres de géologie, une lanterne magique.
Deux fois par semaine, l'instituteur donnait des cours de perfectionnement pour les adultes. Y venaient surtout les hommes jeunes. Ils faisaient des dictées, des problèmes. L'instituteur passait des vues avec la lanterne. Je ne me souviens pas de ce qu'elles montraient.

Le 14 Juillet
L'année scolaire prenait fin le 14 juillet. Ce jour était aussi le jour de la distribution des prix, et, bien entendu, de la fête Nationale.
Le maire accrochait un drapeau à la mairie.
Point de cérémonie au monument aux morts puisque celui-ci n'existait pas.
Le défilé des Allées du parc à Dijon avait lieu comme aujourd'hui. En 1906, j'étais allé le regarder avec mes parents. L'armée que nous avons vue alors était très différente de ce qu'on peut voir en 1995. D'abord les soldats s'étaient regroupés devant le parc, au bas de l'avenue, puis ils avaient remonté celle-ci tour-à-tour : d'abord la cavalerie -dragons et cuirassiers - avec cuirasses et casques à crinière ; puis l'artillerie - chaque canon et son caisson tirés par un attelage de quatre chevaux ; un soldat chevauchait l'un des deux chevaux de tête et portait un fanion au bout d'une lance - les soldats du 27ème Régiment d'Infanterie venaient ensuite portant le képi, le pantalon de garance, le fusil Lebel et le sac-au-dos,etc.
Le tantôt du 14 juillet, avait lieu, à Neuilly, la distribution des prix. Elle se déroulaitdans la cour de l'école. Le maire, ceint de son écharpe bleu-blanc-rouge et l'instituteur distribuaient les prix devant les parents assemblés.
A 16 heures, après la distribution des prix, les femmes participaient à une loterie. Elle tiraient au sort des billets et gagnaient des bols et des assiettes.
Cette vaisselle venait de Longchamp. Le maire ou un conseiller municipal l'avait achetée quand la faïencerie faisait des soldes.
Après avoir reçu leur lot, les femmes rentraient chez elles.
Après la distribution des prix, les hommes, eux, étaient allés s'asseoir autour d'une table sur la place de la Liberté (près du peuplier). Ils cassaient la croûte. Un conseiller municipal apportait un tonneau de vin sur une brouette, le déposait en bout de table.
C'est le maire qui offrait à boire.
Un drapeau tricolore avait été fixé au sommet du peuplier. Celui qui réussissait à le décrocher gagnait 100 sous.
Plus tard, cet arbre devenu vieux et creux, était devenu dangereux. On en planta un autre à sa place.
Je me rappelle que pour le faire raciner, on versa un sac d'avoine dans le trou.

Le 14 Juillet, nous jouions à un autre jeu.
Nous tendions des cordes entre les platanes et les sycomores de la place. Nous y pendions des cruches remplies d'eau. Avec un bâton, les joueurs essayaient de vider les cruches sans recevoir l'eau sur la tête.
Puis venait le soir.
Devant notre café, mon père montait son parquet.
Il installait des bancs, accrochait des lampes à pétrole au-dessus de la piste de danse.
C'est plutôt la jeunesse qui venait danser. Elle buvait de la limonade et de la bière. Quelques vieux venaient boire un coup. Mon père jouait du cornet à piston, accompagné à la clarinette par le père Marchand.
Le Comte et l'abbé Gataut ne venaient jamais à la fête.

Article extrait du livre «A Neuilly-lès-Dijon en 1900» de Fernand Caillot et Michel Manca

1 commentaire:

Marion a dit…

Bonjour!!
Votre site est super,et les articles et photos très variés.
Je fais un exposé sur Neuilly, principalement basé sur l'école, et j'aurais aimé savoir si vous saviez quand exactement l'école Robert Chalandre a t-elle été construite??J'ai pu voir sur ce blog qu'avant, la classe se fesait à l'endroit de la mairie. Si vous avez d'autres indications, j'en serais ravie!!
Merci par avance,et bonne continuation